1405
Montagne de Dwarhame
Née au sommet des montagnes arrosées de pluie gelée… Le froid, la glace, la neige, la montagne… C’est dans ses conditions que naquit une jeune fille. Prénom Astrid par sa mère, elle n’a malheureusement jamais connu son père. Elle vivait avec sa mère et son grand-père dans l’élevage de chien de traîneau familial. Une famille de Musher ! Elle était prédestinée à reprendre l’élevage avec son futur mari, à élever des chiens puis les vendre, à participer à des courses. Sa vie était tout tracée !
Dès qu’elle apprit à marcher, la petite fille blonde passait toutes ses journées avec les chiens. Elle adorait leur compagnie et les animaux semblaient apprécier la sienne. Elle était toujours souriante, toujours heureuse. En grandissant les gens du village était étonnés par tant de gaieté dans un si petit être. Des rumeurs commençaient à apparaitre sur l’origine de son père. Pour certain, il venait d’une contrée très lointaine, car Astrid semblait différente des autres hommes du nord. Elle était généreuse, joyeuse, et aimé donné aux autres. Une telle affabilité était très inhabituelle.
On peut dire qu’elle vécut très heureuse ! Durant ses 6 premières années, mises à part quelques petites maladies sans aucune gravitées, Astrid eut une très belle vie.
C’est dans le courant de sa 6éme année que les choses changèrent. Son grand-père étant mourant, l’argent commençait à manquer. L’élevage qui autrefois était un des plus grands du pays commençait à perdre de sa splendeur. La nourriture pour les chiens était de plus en plus chère, et ce hiver bien plus froid fut fatal. La mère d’Astrid ne pouvait s’occuper seule des animaux, elle les vendus pour acheter quelques potions afin de soigner son grand-père, mais cela ne servit à rien… Il s’éteint durant une nuit de tempête de neige…
Astrid et sa mère n’avaient plus rien… Une maison qui tombait en ruine, quelques miches de pain pour manger… Mais Astrid n’avait pas perdu la foi ! Du haut de ses petites années, elle essayait comme elle le pouvait d’aider sa mère. Voulant le meilleur pour sa petite fille, elle décida de l’amener à Arendelle.
Une fois devant le roi, Astrid ne comprit pas ce qu’elle faisait ici. Impressionnée par ce grand Tsar, elle resta cachée derrière sa mère. Elle avait entendu toutes sortes d’histoires à son sujet, c’était un Dieu, elle le vénérait. Se retrouver à ses côtés lui paraissait presque incroyable. La petite fille était tellement subjuguée par la situation qu’elle ne fit pas attention à la discussion qui se déroulait entre sa mère et le Tsar. Elle ne se souvient que de deux petites choses. Elle l’implorait pour son aide, car ils étaient pauvres et devant l’impassibilité du roi, elle lui annonça qu’elle était sa fille. La suite est assez floue pour la petite blonde. Elle se souvient malheureusement des cris de sa mère et des doigts du Tsar qui s’enroulaient autour de son cou, puis du corps de sa mère allongé sur le sol sans plus aucun signe de vie…
Courant à ses côtés dès qu’elle comprit ce qu’il se passait, Astrid s’agenouilla près d’elle et prit sa tête entre ses petits bras. Elle se mit alors à pleurer…
«
Tu sais pourquoi ta mère est morte ? »
Ses larmes se stoppèrent aussitôt. Levant les yeux vers celui qui venait d’assassiner sa mère, Astrid était perplexe.. Elle haïssait cet homme qui venait de tuer sa mère, mais elle en avait tellement peur qu’elle ne pue lui rétorquer quelque chose. C’est seulement après quelques secondes que sa bouche s’ouvrit et qu’elle réussit à articuler
«
Ou … Oui. Elle a offensé votre altesse. »
Elle n’osait pas croiser son regard, ses yeux glacés qu’elle avait pu observer lorsqu’il s’abattait sur sa mère lui faisait bien trop peur. Elle préféra fixer ses pieds, espérant, priant pour que ce cauchemar s’arrête au plus tôt.
«
Et à qui dois-tu fidélité absolue ? »
«
À sa majesté » elle leva alors, enfin les yeux pour croiser le regard glacial de l’homme qui se tenait devant elle «
mon père ... »
Son père… Ce nom sonnait presque faux. Elle n’avait jamais posé de questions à son sujet à sa mère, les rares fois où elle avait tenté de le faire, sa mère avant toujours trouvée un stratagème pour détourner la question. Et aujourd’hui, il était là, devant elle. Elle aurait été heureuse de le retrouver s’il ne venait pas d’assassiner sa mère…
1419
La Forteresse de blåisen
Tomber plus bas chaque jour, condamné sans recours, aller là où la peine m'entraîne. Courber le dos sans répit, s'égarer dans l'oublie, se perdre là où l'ennuie m'emmène «
Non… C’est trop… Je… Je ne peux pas faire ça… »
Retirant son épée qui se trouvait sous la gorge du jeune homme, Astrid venait de refuser un ordre venant de son père, de son dieu. Elle était prête à tout pour lui plaire aujourd’hui, prête à tout pour un petit moment de reconnaissance, mais tuer un homme innocent lors d’un entraînement s’en était trop.. Beaucoup trop pour elle. Elle avait alors pour la première fois refusé d’obéir à son père, sous l’œil de sa tante et ses cousins.
Elle avait alors pour la première fois refusé d’obéir à son père, sous l’œil de sa tante et ses cousins. Le regardant s’effondrer sur le sol sans dire un mot, Astrid comprit qu’elle venait de le décevoir et qu’il allait sans aucun doute être énervé après cela. Sans même qu’il eut besoin de parler, elle comprit à son regard glacé qu’elle devait le suivre, ce qu’elle fit sans ne rien dire, sans relever les yeux. Elle avait pris l’habitude de le suivre toujours là ou il allait, de toujours lui parler avec beaucoup de respect, de l’aimer comme il était.
Une fois seul, il ouvrit enfin la bouche.
«
Chair de ma chair, sang de mon sang… À qui dois-tu fidélité absolue ? »
«
À mon seigneur et père. »
Cette phrase, toujours la même. 3 jours après son arrivée dans le château, Astrid l’avais apprise par cœur, elle savait que cette phrase, il l’aimait, elle lui plaisait, et c’était tout ce qu’elle voulait, seulement en voyant l’air sombre que son père venait de prendre, elle avait maintenant peur de lui.
«
Alors pourquoi m'as-tu contrarié, précieuse enfant ? Nous savons tous les deux qu'il est d’intérêt public à ce que je ne le sois pas ... » Lorsqu’il approcha sa main ensanglanté pour la poser sur sa joie, la jeune fille eut un moment de recul avant de se ressaisir. *ne pas faillir* «
Je t'ai donné mon nom, et un Icelandik n'hésite jamais. Je n'ai pas hésité une seconde en tuant ta pauvre mère. Je n'ai jamais tergiversé en déclarant une guerre. Et je n'hésiterais pas non plus à faire 'ça' pour que tu comprennes… »
Elle lui devait tout, elle se savait, elle en était consciente. Sans lui, elle serait sans doute morte de froid aujourd’hui, mais qu’il reparle ainsi de sa mère lui donnait envie de le transpercer sur-le-champ avec son épée. Comment pouvait-il se réjouir à ce point de son désespoir et de sa tristesse. Comment pouvait-il prétendre être son père avec ce qu’il s’apprêtait à faire ?… Astrid, sans aucune résistance se laissa se faire plaquer sur le bureau.
«
Une leçon s'apprend avec une démonstration. N'hésite pas, décides. Ne l'oublie jamais. »
Elle ne l’oublierait pas ! Se retrouver recroquevillé sur le sol, elle promit de ne pas l’oublier. Il venait de lui faire mal, bien plus qu’il ne l’avait fait auparavant, elle ne l’oubliait pas. Pleurant de colère, de haine et de peur, elle eut envie de s’enfuir. Partir, loin d’ici et recommencer une vie. Pleurant de colère, de haine et de peur, elle eut envie de s’enfuir. Elle n’avait pas la force d’une véritable nordique, elle ne se sentait pas capable… Elle ne se sentait plus capable…
Passant tout son temps en compagnie de sa tante, Astrid essayait d’oublier ce qu’elle venait de vivre. Même Svenhild remarqua que quelque chose avait changé. Celle qui était devenue une seconde mère pour la petite Icelandik s’occupait de son éducation et elle trouvait que depuis quelques semaines, elle était beaucoup plus renfermée sur elle-même, qu’elle ne souriait plus.. Le Tsar serait heureux, sa fille, sa bâtarde qui lui faisait toujours honte était devenue un véritable bloc de glace. Au moins un dans toute cette histoire qui ne se retrouvait pas brisé.
Quelques semaines plus tard, lorsqu’elle traversa le château de glace, la princesse entendit deux domestiques parler d’un nouveau-né. C’était une excellente nouvelle jusqu’à ce qu’elle comprît qu’il s’agissait d’un nouveau bâtard du Tsar, une nouvelle personne susceptible de prendre sa place..
La nuit venue, lorsqu’elle fut sûre d’être seule et surprise par personne, elle se rendit discrètement dans la chambre de l’enfant. C’était un beau bébé ! Il avait de grands et beaux yeux bleus comme les Icelandik, il aurait sans aucun doute pu être un formidable petit frère, mais la jeune fille avait autre chose en tête… Elle prit alors l’enfant dans ses bras et s’installa sur une chaise à bascule qui se trouvait non loin de là.
«
Bonsoir petit bonhomme. » Lui dit-elle avec une petite voix douce, la même qu’utilisait sa mère, elle s’en souvient. «
On t’a déjà dit que tu étais vraiment beau. Je suis sûre que tu aurais pu devenir grand et fort, un vrai gordien, un vrai Icelandik ! » Ces derniers mots se cassèrent dans la gorge de la jeune fille qui ne se sentait pas à la hauteur de la tâche… «
Je suis même sûre que le Tsar t’aurait aimé, tu en aurais eu de la chance. Le grand dieu t’aurait aimé… Peu de gens ont ce privilège. » Une petite perle salée coula alors sur l’épaule de la demoiselle. «
J’essaye, encore de le gagner cet amour… Et je suis vraiment désolé si pour cela, je dois mettre fin à tes jours.. » Étrangement, le nourrisson devint beaucoup moins calme d’un seul coup. Il ne pleurait pas encore, mais il gigotait dans tous les sens. «
Chuuuut… Je veux juste t’expliquer que j’ai trop souffert, trop travailler, j’ai eu trop mal pour abandonner maintenant… Je… Je suis désolée…. »
Fermant ses yeux qui coulaient à chaud de larmes, la jeune fille enfonça un couteau au niveau de son cœur. Il n’eut pas assez de temps pour pleurer, pour crier, pour vivre…
Astrid retourna dans sa chambre et ne trouva pas le sommeil après ce qu’elle venait de faire… Elle qui avait refusé de tuer un innocent, venait d’assassiner froidement un enfant. Comment avait-elle pu faire ça ? Elle se mit à se détester, à détester ce qu’elle était devenue… Puis a détester l’homme qui l’avait transformé comme ça ! Elle avait encore une fois envie de partir loin et de tout recommencer… De s’enfuir pour commencer une nouvelle vie… Mais au fond d’elle, Astrid savait qu’elle était plus désireuse d’être entièrement reconnue par son père et qu’il était pleinement fier d’elle…
La seule chose dont elle était sûre, c’était que personne, non jamais personne ne connaîtrait se secret !