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everybody wants to rule the world
Le croassement d'un corbeau qui vient briser un silence mortuaire. Une matinée triste s'annonce alors qu'un épais nuage brumeux
dissimule ce château trop austère, trop sombre, dont on voit seulement les pinacles des tours pointer le ciel menaçant. Le volatile noir se pose sur
l'épaule délicate couverte de pierres précieuses. Un sourire satisfait, carnassier, s'étire sur les lèvres rouges de la maîtresse des lieux
alors que l'oiseau de mauvaise augure apporte ses nouvelles fraîches. La foule s'amasse en contre-bas de la forteresse, dans la cour.
Paysans, artisans, nobliaux, tous se pressent et jouent des coudes sans mot, les lèvres cousues, pour assister à l’événement. Les femmes
détournent le regard, posent leurs mains sur les yeux des plus jeunes. Et alors que le bourreau anonyme s'apprête à lever son arme, tenue
fermement entre ses deux mains habituées à tuer, une silhouette se dessine sur le balcon, dominante, triomphante, le visage ombragé
empêchant de discerner ses traits fins, sa jeunesse apparente qui n'est qu'un leurre, une fraîcheur ravie. Les soumis baissent les
yeux devant l’Empoisonneuse, celle qu'ils appellent en privé « Evil Queen ».