« Un jour, j’aurais les plus belles robes, je n'aurais plus jamais faim, et je vivrai là-haut avec les dieux ... » Un haillon pour seul vêtement, et un seul manteau pour te tenir chaud, tu te l'ais promit solennellement il y a longtemps, regardant de tes yeux d'enfant ce palais de glace ; en-haut de la plus haute montagne. Tu as toujours voulu t'élever, devenir une étoile parmi les astres ; toi enfant de la pauvreté. Et si par le passé, ce désir innocent ne fut qu’un rêve parmi tant d'autres, aujourd'hui, il a été pervertit par cette adulte que tu es devenue. Le rêve est devenu un but. Un dessein sombre tâché de sang pour lequel tu ferais n'importe quoi. Tu l'as prouvé, illustrant la force de ton désir en ayant endormi pour toujours la femme qui t'a élevé ; ta grand-mère. Un jour, elle a été un obstacle sur la route qui menait au palais, et tu l'as alors poussé de cette falaise pour qu'elle ne recommence plus jamais. Tu as regretté un certain moment, tu as souvent pleuré, puis tu t'es rappelé ce qui comptait vraiment : du palais où tu pourrais vivre, des belles robes que tu allais collectionner, et de tous ces princes que tu allais côtoyer. Alors plus jamais tu ne pleuras, continuant ton avancée vers cette ascension que tu avais toujours désirée. Touchant l'héritage de ta grand-mère, l'argent appela l'argent. Ce n'est plus ce vulgaire tailleur de glace qui se présenta à ta porte pour te proposer un ridicule contrat de mariage, c'est un noble. Un noble sans le sous certes, mais un noble quand même. Et si lui fut intéressé par tes nouvelles richesses, toi, tu fus séduite par son titre. C'est celui-là même qui allait te donner l'accès à ce palais qui surplombait les plus hautes montagnes. Alors tu l'épousas, te donnant corps et âme durant un an. Une seule et unique année, et la Comtesse Adelheid devint 'malheureusement' veuve. Tragique était la vie, bénie était la tienne. Le but fut alors atteint. Toutes les pièces de ton dessein furent rassemblées pour faire de ce rêve un très beau tableau fait d'or, et de diamant. Les robes de ces nobles dames d'Arendelle, c'est toi qui les portais. La petite gueuse n'était plus, tu l'as tué. Pourtant, cette force qui t'a toujours animé ne s'en contenta jamais. Après les jolis tissus, les titres et le château, elle a voulu quelque chose d'autre, quelque chose que toutes les grandes dames de la Cour ont toujours silencieusement désiré : une couronne faite de glace. Point assez sotte pour te prétendre futur tsarine, tu avais par contre toutes tes chances pour devenir épouse royale ; et tu savais par quel moyen : en donnant un fils au roi des rois, au divin. Le Tsar, le tien.