Il les entendait, les sifflements des rumeurs qui couraient à son égard. Il était l'homme "louche", le "solitaire", le "mystérieux". Celui que personne n'approchait, celui qui, sur sa monture s'enfonçait toujours plus loin et finissait par disparaître derrière la dune. Enfin, c'était celui qui ne s’arrêtait jamais, mais ne fatiguait pas. On disait de lui qu'il était maudit, ou peut être fou, condamné à errer toute sa vie dans l'Océan de sable. Il imprimait crainte par son regard profond plein de hardiesse.
Guidé par une profonde détermination qui enflait son cœur, il semblait étranger au monde, comme imperméable aux événements qui l'entourent. Rarement de ses lèvres s'échappait un son, sinon un souffle las et constant.Il était de ces hommes qui parlait avec les yeux.
Ses manières liantes et souples étaient en harmonie avec son sang-froid imperturbable. Il émanait de lui une certaine élégance naturelle. Un tout qui laissait deviner une expérience avancée de la vie formant un paradoxe déroutant lorsque l'on sait qu'il na pas dépassé la trentaine.
Son apparente antipathie contrastait avec un cœur pur et loyal qui avait fait ses preuves lors d'une époque aujourd'hui révolu. Un cœur bon et juste, éloigné des complots et manigances si propres aux hommes de son temps. Un cœur néanmoins écorché, meurtri quémandeur d'une cure qui semblait terriblement inaccessible.